AVIS DU CSE DE L’UES WORLDLINE SUR LA SITUATION ECONOMIQUE ET FINANCIERE 2022 ET PREVISIONNELLE 2023

AVIS DU CSE DE L’UES WORLDLINE SUR LA SITUATION ECONOMIQUE ET FINANCIERE 2022 ET PREVISIONNELLE 2023

 

Consulté sur la situation économique et financière de l’UES Worldline, le CSE émet l’avis motivé suivant :

Après avoir pris connaissance du rapport de l’expert, les élus comprennent que la situation financière du groupe Worldline au niveau mondial est très solide, tous les indicateurs financiers étant bien orientés :

  • Un taux de croissance du chiffre d’affaires de 18%, soutenu par les acquisitions et surtout par la croissance interne de la GBL MS ;
  • Des niveaux de marge opérationnelle « OMDA » qui n’ont jamais été aussi élevés (plus de 1 milliard d’€, soit un taux de marge de 26% du chiffre d’affaires) ;
  • Un niveau d’endettement financier qui s’est normalisé suite à la cession des activités TSS.

Alors que la croissance semble toujours au rendez-vous en 2023, le CSE s’inquiète quant à la politique mise en œuvre par la direction pour atteindre les objectifs de profitabilité annoncés par le groupe aux marchés financiers : un taux de marge devant se rapprocher de 30% à l’horizon 2024. Cet objectif très ambitieux semble inatteignable depuis que l’inflation a fait son retour courant 2022 et qu’elle perdure à des niveaux élevés en 2023.

L’expert du CSE a clairement démontré que le groupe Worldline a réussi à améliorer son taux de marge grâce aux synergies de coûts générées par l’intégration des grandes sociétés acquises, ce qui a été le cas avec la « désintégration » d’Ingenico.

En parallèle, la direction poursuit une multitude de projets d’optimisation afin d’améliorer encore plus la marge, au détriment de l’emploi et des conditions de travail : réorganisations incessantes, projet de Transformation PS, externalisation en tout ou partie de services, développement continu et assumé du nearshore et de l’offshore, en remplacement des salariés français, etc.

Les élus font le lien entre cette politique et le nombre important de départs de salariés, en France comme dans les autres pays du groupe. Les 2 dernières années ont été marquées par un taux de démissions très élevé, une accélération du nombre de départs contraints (ruptures conventionnelles, fin de contrat ainsi que licenciements) et un gel des embauches. Cette tendance accélère en 2023 (9 licenciements individuels et 51 ruptures conventionnelles en 8 mois), au point que l’effectif français des 3 BUs a fondu de 4.1% sur les 7 premiers mois de l’année.

Cette politique rappelle aux élus qui l’ont connu « l’époque Atos » où les optimisations de la marge à court-terme (y compris l’optimisation des provisions pour congés payés ou le reclassement de coûts en-dessous de l’OM *operating marging) se sont faites au détriment de la pérennité à moyen-terme. Il ne nous a pas échappé la situation catastrophique actuelle du groupe Atos dont la scission ou la vente à la découpe est envisagée pour éviter la faillite.

Le CSE ne peut accepter qu’une telle politique perdure. Il émet le vœu que les moyens financiers du groupe soient mobilisés en priorité pour reconnaitre et faire évoluer les compétences de l’ensemble des salariés, pour améliorer leurs conditions de travail et pour protéger leur pouvoir d’achat, et au final, les fidéliser pour assurer la qualité des prestations réalisées pour les clients, et la pérennité des emplois. Pour citer un dirigeant de BU en France : “Worldline a une responsabilité sociétale”.

Malgré un marché français en grande partie verrouillé par les acteurs bancaires, la croissance de Worldline en France s’est poursuivie pour la 5ème année consécutive ; avec un dynamisme commercial certain, de nombreux développements de produits et une mobilisation des salariés.

Pourtant, la marge a de nouveau reculé en raison de nouvelles pertes de contrats historiques qui généraient des niveaux de marge bien supérieurs à la moyenne.

Actuellement, le portefeuille de contrats de Worldline en France (essentiellement MTS et FS) ne permet plus de générer les niveaux de marge connus par le passé. Le CSE rappelle qu’il avait alerté sur le manque de stratégie sur le marché français pour l’ensemble des GBL.

Les effets du repositionnement de Worldline sur le marché français se font attendre :

  • Fin des projets générant des marges négatives ;
  • Montée en puissance des jeunes contrats Run ;
  • Implémentation de la logique produit chez MTS ;
  • Investissements dans de nouvelles solutions relais de croissance ;
  • Projet de joint-venture avec le Crédit Agricole visant à prendre position sur le marché « MS mass-market ».

Le CSE tient également à souligner que les modalités de refacturation mises en place au sein du Groupe restent opaques (Global Services Agreement). Les refacturations regroupent au final de nombreux flux (dont management fees), sans savoir si le travail fourni par les salariés pour des produits ou projets vendus à l’étranger sont bien rémunérés à leur juste valeur. Ainsi, une partie de la valeur ajoutée par les salariés français se retrouve comptabilisée dans d’autres pays du groupe.

Au final, les élus revendiquent que la politique RH mise en œuvre au sein de l’UES Worldline soit cohérente avec les résultats financiers du groupe, dont les marges de manœuvre sont conséquentes ; et ce, même si le taux de marge devait atteindre 28% au lieu de 30%.

Cette résolution vaut avis et vœux du CSE. Nous rappelons à la direction qu’elle doit rendre compte, en la motivant, de la suite qu’elle entend donner aux avis et vœux du CSE exprimés dans la présente résolution. Le CSE informera les salariés des propositions qu’il a faites et des suites que la direction entend leur donner.

Le CSE demande que cet avis soit lu en Conseil d’Administration par le représentant du CSE France.

 

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