« Le télétravail oui, mais pas en mode dégradé », résume Sophie Binet, co-secrétaire générale de l’Ugict-CGT, en préambule de la présentation de la riche enquête inédite réalisée pour la deuxième année par le collectif « Télétravail » de l’Ugict avec des syndiqués de la Dares et de la Drees.
98 % des 15 000 répondants souhaitent continuer à télétravailler à temps partiel : travailler chez soi évite des trajets, permet plus d’autonomie et une meilleure concentration.
Ces motivations disent en creux la dégradation du travail en présentiel et le management autoritaire.
La moitié des répondants affirment que leur charge de travail a augmenté, de même que le temps passé à travailler.
Les pauses sont plus courtes et moins nombreuses.
2/3 des répondants reçoivent des sollicitations pendant leurs congés. Encore trop peu d’accords d’entreprises formalisent des plages horaires de joignabilité alors que le respect du droit à la déconnexion est de la responsabilité des employeurs.
Concernant la santé des télétravailleurs, l’Ugict tire la sonnette d’alarme.
45 % des salariés en télétravail sont en risque de dépression.
Plus la charge de travail augmente, plus les chiffres sont élevés. Les télétravailleurs souffrent aussi de sédentarité, notamment ceux qui télétravaillent 4 à 5 jours par semaine.
40 % des télétravailleurs souffrent de troubles musculo-squelettiques (TMS) et de migraines. Les frais et équipements professionnels restent majoritairement à la charge des salariés. L’employeur se contente généralement de fournir un ordinateur portable.
Les collectifs de travail souffrent de la distance.
2/3 des répondants ont déjà ressenti de l’isolement. Seulement 8 % des managers se sont dits sûrs de pouvoir détecter une situation de difficulté au sein de leur équipe. Les représentants du personnel se sentent fragilisés dans leur fonction.
Dans le privé, la moitié d’entre eux déclarent que l’envoi d’informations par mail aux salariés leur est interdite par leur employeur. Comment jouer son rôle dans ces conditions ?
Les résultats de cette enquête inédite permettront d’informer largement sur l’état du télétravail en France et d’interpeller gouvernement et patronat sur la nécessité d’encadrement, dans la lignée de l’accord obtenu dans la fonction publique.
En un an, l’Ugict CGT a formé 400 personnes à la négociation d’accords sur le télétravail. Le site internet de l’Ugict CGT dédié au télétravail recense les propositions du syndicat ainsi que les droits des télétravailleurs, qui peuvent y poser leurs questions.
Il propose aux syndicats un générateur d’enquêtes sur le télétravail, un accord type d’encadrement du télétravail, des conseils pour la négociation d’accords.