Non, il n’y a pas de lien entre les augmentations de salaires et l’inflation !

C’est une antienne du patronat (argument lors de la direction lors des NAO) selon lequel l’augmentation des salaires provoquerait automatiquement la hausse de l’inflation. À en croire les patrons et le gouvernement, une revalorisation des rémunérations irait même à l’encontre des attentes des salariés.

La prétendue « boucle prix-salaires » qui entretiendrait l’inflation, c’est de l’intox.

Face à l’inflation, il faut rétablir l’échelle mobile des salaires, un point c’est tout !

L’argumentaire du patronat et du gouvernement s’appuie sur une théorie économique appelée la “boucle prix-salaires », qui installerait un cercle vicieux : les augmentations de salaires entraînent une hausse des coûts de production, que les entreprises répercutent à leur tour sur leurs prix, pour conserver leurs marges (élevées, soit dit en passant). Ce qui, in fine, alimenterait l’inflation.

Et le phénomène s’autoentretiendrait, car face à la progression de l’inflation, les salariés réclament de nouvelles hausses de salaires…En résumé, les salariés seraient les responsables de l’inflation ! À l’examen, il n’en est rien.

Le moteur de l’inflation, c’est d’abord, et avant tout, l’augmentation des prix de l’énergie et des matières premières agricoles. Des hausses liées à la guerre en Ukraine mais aussi aux réductions volontaires de production des pays exportateurs de gaz et de pétrole.

En France, l’inflation est importée

Le boom des prix des matières premières a aussi beaucoup à voir avec la spéculation. Enfin, la baisse de l’euro face au dollar renchérit les prix des produits et matières premières importées, très souvent libellés en devise américaine.

En résumé, l’essentiel de l’inflation en France est importée et démontre notre dépendance énergétique.

Ce cercle vicieux n’a rien d’automatique. En effet, rien n’oblige les entreprises à répercuter les hausses de salaires sur leurs prix. Elles peuvent rogner, un peu, sur leurs marges.
Et selon les chiffres de l’Insee, il y a de la marge : sur l’ensemble de 2022, le taux de marge des sociétés non financières serait de 32%, en hausse par rapport à 2018.

Cette progression signifie que ces entreprises ont répercuté la hausse de leurs coûts de production sur leurs prix, alimentant ainsi l’inflation. Pire, les plus grandes entreprises ont augmenté leur prix bien au-delà de la progression de leurs coûts. À preuve, les bénéfices faramineux au premier semestre 2022 des grands noms du CAC 40, notamment ceux de l’énergie.

Blocage des prix et échelle mobile des salaires
Pour interrompre cet effet d’entraînement, la CGT réclame le blocage des prix.

C’est la seule manière pour que le poids de la crise soit également réparti entre les entreprises et les travailleurs.

Le gouvernement ne doit pas hésiter non plus à utiliser l’arme de la fiscalité. Il faut taxer massivement les profits exceptionnels, notamment ceux tirés d’un effet d’aubaine. Il faut aussi indexer les salaires sur l’inflation, c’est-à-dire rétablir l’échelle mobile des salaires en vigueur en France jusqu’en 1982 (sur ce sujet, lire ici).

À défaut, ce sont les salariés et les contribuables qui supporteront, seuls,  le choc de la crise.

Contrairement à ce que répètent le gouvernement et le patronat, ces mesures n’impacteront pas la compétitivité des entreprises. Comme l’inflation est moins forte en France qu’ailleurs, les entreprises disposent de marges de manœuvre. Notamment pour augmenter les salaires, ce qui va mécaniquement stimuler la consommation des ménages.

Les travailleurs ne doivent pas être la variable d’ajustement de la crise !

 

https://www.cgt.fr/terms/salaires

 

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